24 heures sur un tapis de course ! 160 km de fun !
À ce qui se demande à quoi cela sert, la réponse est simple : à rien !
La fédération française d’athlétisme n’homologuant pas ce genre de record, il était clair que je m’engageais dans cette aventure uniquement pour le fun et le goût du challenge !
Entraînement : 1000 bornes sur le tapis
J’avais décidé d’appliquer une stratégie de course basé sur mon expérience des précédents 24 heures en rameur et skieur : 1 h d’effort suivi de quatre à cinq minutes de repos. Je cale donc très vite mon entraînement sur ce rythme, décidant d’habituer mon corps à courir 1 h sur tapis de course.
La première étape consiste d’abord à apprivoiser le tapis. Je n’ai jamais trop aimé ce genre d’engin qui impose un rythme et où, contrairement à la course sur route ou sur le chemin, on ne joue pas avec le terrain et on ne peut pas relancer. Plusieurs séances me sont nécessaires pour apprendre à avoir des foulées régulières et à garder exactement le même rythme.
Une fois ceci acquis, je m’entraîne tous les jours pendant 10 semaines, de préférence tôt le matin au réveil (5h) ou sinon tard le soir en rentrant du travail et si possible fatiguée. L’objectif là aussi est assez clair : habituer mon corps à courir quand je ne suis pas bien réveillée et quand je suis fatiguée. Bref, créer les automatismes qui me permettront de tenir les 24h de course.
Je fais également plusieurs entraînements longs, entre trois et cinq heures afin de tester la vitesse de tapis et de voir si tout se passe bien.
Je prends quand même quelques dossards sur des courses trails, histoire de prendre un peu l’air.
Au total, j’avale 1.000 kms et le tapis devient -presque- mon ami !
Préparation et conseils : Merci Manu !
J’active mon réseau d’amis coureurs afin d’ être mis en relation avec quelqu’un qui aurait déjà fait ce type d’effort et là je découvre Manuel DA CUNHA. Il a déjà réalisé deux 6 jours tapis de course ! Vous avez bien lu : 6 jours… Autant dire qu’il est LE spécialiste mondial de la discipline.
Manu me donne des conseils précieux et notamment qu’il faudra que j’éteigne le tapis de course 10 minutes toutes les trois heures afin d’éviter que le moteur ne surchauffe. Je décide donc de réajuster ma stratégie de course en intégrant ces 10 minutes de pause… qui me paraissent énorme sur le papier mais et qui passeront à la vitesse de l’éclair durant l’épreuve.
Manu m’explique que mes pieds risquent de souffrir beaucoup plus que sur route et que sur chemin car à cause du frottement de tapis, les ampoules arrivant beaucoup plus vite. Il me conseille de m’équiper de trois ventilateurs un pour le moteur, et deux pour refroidir mes pieds.
Il m’explique aussi, détail moins glamour que la répétition des chocs en course à pied risquent de me causer des troubles digestifs importants..
Niveau alimentation je décide de rester sur mon protocole habituel à savoir quelques bouchées de riz toutes les heures et pas grand-chose d’autre.
Le jour J
Comme d’habitude, je démarre la course un peu stressée. La journée de travail a été longue et je n’ai pas pu faire la sieste que j’espérais, ni également me faire poser des Tapes autour de mon genou récemment opéré, afin de le protéger.
Dans l’euphorie du départ j’augmente la vitesse de démarrage et cours les premières heures au-dessus de 11 km/h et les quatre premières heures au-dessus de 10 km/h. Il fait très chaud dans la salle, je transpire énormément ce qui m’oblige à me changer régulièrement et m’impose des temps de pause un peu plus long que ce que j’avais escompté. Au bout de la cinquième heure, je décide de réadapter de mon rythme et de passer en dessous des 10 km/h. Comme d’habitude la nuit se passe bien et vite, je déroule et j’ai le sourire… Les heures s’enchaînent sans problème particulier jusqu’à l’arrivée des ampoules.
Au bout d’une dizaine heures, les ampoules se sont bien installées sous mes 2 plantes de pied. Forcément cela fait mal et modifie ma foulée. Je fais des tests de pansements et de chaussettes qui ne changent pas grand-chose et décide que la meilleure solution de gérer cela est encore de garder le sourire et d’avoir des pensées positives. Les kms continuent de défiler tant bien que mal, ma foulée est moins belle, le psoas se bloque un peu, cela tire… mais cahin cahan je poursuis mon petit bonhomme de chemin.
Petit à petit cependant une douleur sournoise au pied droit s’installe. D’abord presque imperceptible puis tellement prononcée que je n’arrive même plus à poser le pied par terre. Il reste 2h30 de course… je passe la barre des 160 kms et décide d’aller voir un des kinés présents pour confirmer ce que je pressens : c’est bien une tendinite du releveur de pied qui irradie désormais jusqu’au tibia. Je décide de « mettre le clignotant » et de stopper là ma course sur une marque très honorable : 160 km !
Ce que j’en retiens
24h course à pied c’est plus traumatisant que 24h rameur ou 24h skierg. De ces 3 défis, c’est du 24h tapis que je mettrai le plus de temps à récupérer.
Mais c’est un défi incroyable, que je suis fière d’avoir relevé.
— Anne-Catherine Péchinot