L’été en pente verte: l’écotourisme dans le Vercors avec les Gîtes de France
[rfi, par Par Tirthankar Chanda ] : Après avoir fêté en grande pompe en 2015 le soixantième anniversaire de sa création, c’est dans le Vercors que la Fédération des Gîtes de France a organisé cette année sa conférence de presse annuelle, autour du thème de l’éco-tourisme. A cette occasion, des visites des gîtes pilotes de la Fédération en Isère ont eu lieu, l’occasion de palabrer avec leurs propriétaires qui ne jurent désormais que par le « tourisme durable », venu s’ajouter aux valeurs de convivialité, de solidarité, de respect qui ont présidé à l’origine du réseau de Gîtes de France.
8 juin 2016. La conférence de presse annuelle de la Fédération nationale de Gîtes de France tombe en pleine grève de la SNCF. Le TGV Paris-Grenoble étant annulé, les journalistes invités à se rendre au Vercors dont RFI, ont dû passer par Lyon où un car est venu nous récupérer pour nous véhiculer par la route. Bientôt nous quittons l’autoroute pour emprunter les petites routes vertigineuses de montagne. Destination: Lans en Vercors, au cœur du Parc naturel régional du Vercors, à 1050m d’altitude.
Pays des mille et une montagnes
Nous traversons un paysage paradisiaque baigné d’un soleil radieux. La région Isère est une terre de montagnes. Hauts plateaux, pics abrupts, forêts de pins à crochets, des bouquetins qu’on aperçoit au loin sur le flanc des montagnes. Notre car fonce à travers un territoire calme et sauvage, le paradis des randonneurs qui se transforme, l’hiver venu, en pistes blanches et enneigées sur lesquelles évoluent des skieurs de fond venus des quatre coins de France et de Navarre.
Chemin faisant, nous avons la chance d’assister au vol plané d’un aigle royal au dessus des montagnes. A moins que ce ne soit un faucon pèlerin, voire un vautour lyre… Les citadins que nous sommes, nous sommes tous un peu perdus devant ce spectacle de faune et de flore des pré-Alpes. Il est 14 heures lorsque nous arrivons à Lans-en-Vercors. Nous sommes attendus dans le gîte « 4 épis » que tient Philippe Ribouleau qui est aussi président du réseau départemental des Gîtes de France en Isère.
Conférence de presse
Située au milieu d’un vaste jardin, le gîte que tient Philippe dans une maison en ossature bois n’est pas un gîte, mais une chambre d’hôte. C’est en même temps un écogîte… c’est à en perdre son latin !
Heureusement que l’attachée de presse de Gîtes de France veille au grain et apporte des précisions indispensables pour que les journalistes puissent se retrouver dans le jargon des spécialistes. Un gîte est une maison indépendante, entièrement meublée et pour se retrouver en famille ou entre amis. Dans le Vercors, nous visiterons des gîtes ruraux, mais aussi des gîtes et chambres d’hôtes de charme. La chambre d’hôtes est, comme son nom l’indique, une chambre louée par un particulier dans sa maison pour une ou plusieurs nuits. D’ailleurs, l’aventure des Gîtes de France aurait commencé, semble-t-il, par l’accueil dans une chambre d’hôte qu’un agriculteur mettait à la disposition des touristes citadins venus respirer le bon air de la campagne. Oui, il y a 60 ans, l’air des villes était déjà irrespirable !
Quant à un « écogîte », c’est un gîte ou une chambre d’hôte qui a été construit ou restauré selon des techniques et avec des matériaux ayant un faible impact sur l’environnement. Les énergies renouvelables n’ont aucun secret pour les propriétaires d’écogîtes qui pratiquent aussi l’exploitation raisonnée des ressources en eau, le tri sélectif, la gestion des déchets, etc. Tout comme les heureux maîtres des « gîtes panda », qui est un autre label accordé par Gîtes de France en collaboration avec World Wildlife Fund (WWF, France). Enfin, les hébergements labellisés par Gîtes de France sont classés en épis, entre 1 à 5 épis, en fonction de leur niveau de standing.
C’est fort de ces précisions que nous assistons à la conférence de presse d’Anne-Catherine Péchinot, directrice générale du réseau national des Gîtes de France. Il a lieu dans le salon de la gîte, oh pardon, dans la maison d’hôte de Philippe Ribouleau. Nous sommes inondés de chiffres :
– Le réseau Gîtes de France est la troisième marque de tourisme la plus connue des Français
– 60 000 hébergements et 450 000 lits en capacités d’accueil
– 3,4 millions de vacanciers par an
– 6,4 millions de nuitées vendues en 2015, soit un volume d’affaires de 434,1 millions d’euros
– 449, 55 euros, prix moyen de location pour une semaine
– 87,4% de clientèle française et 12, 6% de clientèle étrangère
– 62% choisissent des gîtes classées en 3 épis
De gîte en gîte…
« Avec 6500 lits en capacité d’accueil et et plus de 60 milliers de vacanciers par an, l’Isère est dans le top 10 des départements en terme d’hébergements », explique Bruno Bernabé, directeur de l’antenne iséroise de la Fédération de Gîtes de France. L’équipe locale du réseau que dirige Bernabé a pour mission d’accompagner les projets d’hébergements des particuliers, en s’assurant qu’ils correspondent aux normes. Les critères hôteliers et environnementaux sont stricts pour obtenir la labellisation Gîtes de France. Seuls les hébergements labellisés peuvent afficher sur leur mur le célèbre logo: une estampille verte sur fond jaune représentant la carte de France. On voit aussi un personnage stylisé qui ouvre grand les battants de la fenêtre de sa maison. « Notre logo est représentatif de l’état d’esprit de nos adhérents, souligne Bruno Bernabé. Bienvenus chez moi… »
C’est bien l’état d’esprit des propriétaires des gîte que nous rencontrons. Ce sont des gens qui ont eu une autre vie, puis l’âge et sans doute la sagesse venant, ils se sont reconvertis dans le tourisme rural, retapant parfois des anciennes demeures délaissées afin d’accueillir les touristes citadins en quête de nature.
Ces propriétaires de gîtes et de chambres d’hôte ont aussi en commun le souci d’offrir à leur clientèle ce qui fait les valeurs essentielles du label Gîtes de France : le calme, l’authenticité, la préservation du bâti traditionnel et la protection de l’environnement. Ce souci n’est sans doute nulle part plus sensible que dans le gîte de groupe « La Couve », tenue par le couple Véronique et Laurent. Campé dans un décor de prairies et de forêts, à quelques encablures de la station familiale de Méaudre, « La Couve » mêle le charme de l’habitat rural avec luxe, calme et volupté des temps modernes. Au XVIIIe siècle, elle était une ferme à l’architecture ample, qui a été transformée par le couple de propriétaires en un gîte rural pouvant accueillir jusqu’à 15 personnes. Les mangeoires dans la salle principale et les vieilles poutres témoignant du passé.
De gîte en gîte on observe le même souci de préservation de l’esprit des lieux derrière les aménagements modernes. Il en est ainsi à « La Grange aux Fées », à Autrans, où du haut des pics verdoyants surplombant la magnifique propriété, trois siècles contemplent les randonneurs de passage ainsi que les fêtards du weekend qui viennent de loin profiter de la vaste salle commune, particulièrement adaptée à des fêtes de mariage ou d’anniversaire. « Chez l’Mile », il suffira de prêter l’oreille pour capter les voix des grands-parents disparus, dont les propriétaires actuels ont hérité cette vieille ferme, rénovée depuis de fond en comble.
Surprise
La visite des gîtes nous conduit au petit village de Rencurel où une surprise nous attend. Elle a pour noms, « Le Tilleul » et « Les Coulmes », deux gîtes pas comme les autres. Situés au pied des falaises du Vercors, ils dominent la vallée et offrent pendant les soirées d’été un somptueux spectacle du soleil couchant à couper le souffle. Mais ce qui fait l’originalité de ces gîtes jumeaux, c’est leur construction en rondins, en fuste de bois plus exactement. Construits entièrement par son propriétaire Bernard qui fut bûcheron dans une autre vie, ces chalets ingénieux répondent aussi aux normes écologiques comme en témoigne la laine de mouton glissée entre rondins servant d’isolation.
Notre voyage dans les hauts plateaux du Vercors se termine par une promenade à vélo électrique sur la Via Vercors, qui est une boucle intercommunale mise en place récemment par les autorités locales, reliant les communes au cœur du Vercors. L’apothéose magique d’un voyage qui nous a permis d’avoir un avant-goût de l’été en pente verte qui attend ici les futurs vacanciers. Nous avons un seul regret que nos vacances à nous ne se poursuivent encore un peu.
Gîtes de France-China
A l’international, le savoir-faire des Gîtes de France est reconnu depuis quelques années. Tout a commencé par le Chili dont les autorités touristiques sont venues demander conseil et solliciter l’aide des équipes de Gîtes de France pour la création des chambres d’hôte dans leur pays. Le projet a vu le jour en 2001. En 2010, c’est dans la province de l’Anhul, en Chine, que s’ouvrent les premiers Gîtes de France avec pour objectif de valorisation du patrimoine architectural chinois. Au pays des mandarins et des pandas, les gîtes portent fièrement le logo de « Gîtes de France-China » !
Le Maroc et l’Arménie ont aussi sollicité le savoir-faire de Gîtes de France pour le développement chez eux du tourisme chez l’habitant. C’est Bruno Bernabé qui a piloté ces deux projets, qui en parle le mieux. Avec passion et nostalgie.