Saison touristique : Paris souffre, les régions résistent
[Les Echos, par Christophe Palierse] : Les attentats ont détourné la clientèle étrangère et haut de gamme. En revanche, les Français continuent de plébisciter les gîtes et les campings.
Si d’aucuns confirment une année difficile pour les hôteliers parisiens, cette situation est loin de correspondre à la réalité de l’ensemble des opérateurs touristiques et des territoires. « L’été est très difficile à lire. » Cette réflexion de Laurent Salanié, le directeur général de Weekendesk, le spécialiste de la vente sur Internet de week-ends et de courts séjours, en dit d’ailleurs long sur les contrastes de la destination France alors que la saison d’été bat – a priori – son plein. D’autant que les événements exceptionnels qu’ont été l’Euro 2016 de football et l’attentat de Nice, ou même la météo défavorable dans maints endroits début juillet, ont joué pour certains mais pas forcément pour tous. Sans parler des arbitrages de consommation alors que le retour de la croissance n’est pas probant.
« Juillet n’a pas été terrible », selon l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih), la principale organisation de l’hôtellerie, qui fait notamment état d’un démarrage assez tardif et d’une baisse de 10 % pour l’Aquitaine. A Paris, les temps sont particulièrement durs pour les palaces avec des taux d’occupation qui sont tombés autour de 32 % dans la deuxième quinzaine de juillet. A moins d’un revirement de dernière minute, août s’annonce « compliqué », prévient l’Umih, comme à Nice, en raison de l’attentat. Au-delà des éléments conjoncturels, l’organisation patronale pointe des « changements structurels » dans la consommation touristique. A Nice, comme à Paris, l’hébergement collaboratif profiterait d’un déplacement de la demande. Airbnb a annoncé que ses hôtes français ont accueilli deux fois plus de voyageurs en juillet 2016 qu’en juillet 2015. Ne cachant pas son inquiétude, le GNI, autre groupement patronal, appelle à des mesures de soutien non plus conjoncturelles mais « structurelles ». Des plans sociaux ne sont plus à exclure dans les palaces parisiens.
Chez Weekendesk, on reconnaît l’incidence de l’Euro 2016 puis celle de l’attentat de Nice. « La saison a commencé après le 10 juillet [après la finale de l’Euro donc, NDLR] puis il y a une rupture après le 14 juillet », souligne à ce propos son directeur général, qui fait bonne figure car « certains confrères vont mal ». Au bout du compte, les ventes de juillet Weekendesk sont « plutôt maussades » bien qu’en hausse de 12 % – en chiffre d’affaires enregistré -, mais à comparer à +30 % un an auparavant. Août est bien plus prometteur avec des réservations en hausse de 33 %. A noter que Weekendesk enregistre une hausse de 22 % de ses ventes en juillet pour Paris – Ile-de-France devenu sa deuxième destination ! « Les Français ne réagissent pas comme la clientèle étrangère », souligne Laurent Salanié, qui met en exergue « un effet d’aubaine » avec la baisse des prix dans l’hôtellerie parisienne, affectée par la chute du tourisme international. En revanche, « la saison se passe bien » pour le réseau Gîtes de France, au dire de sa directrice générale, Anne-Catherine Péchinot. Elle fait état d’une croissance en volume d’affaires de 3,2 % en juillet, le carnet de commandes pour août augmentant de 7,5 %. Au hit-parade des régions les plus courues figurent la Bretagne avec trois départements classés dans le Top 5 : Finistère, Côtes-d’Armor, Morbihan et la Corse et Pyrénées-Atlantiques. Par ailleurs, « les clientèles européennes habituelles », dont les Anglais, « sont bien là », observe Anne-Catherine Péchinot. « On ne sent pas encore l’effet Brexit », ajoute-t-elle.
De son côté, le groupement de campings plutôt haut de gamme Sunêlia « tire bien son épingle du jeu », indique son président, Alain Faveau. Son chiffre d’affaires progresse de 7 % en cumul pour la période avril-août, avec une augmentation « de l’ordre de 10 % pour l’été ». Selon Alain Faveau, « toutes les régions sont en croissance, à l’exception de l’Auvergne « . Surtout, il constate l’incidence de la montée en gamme de Sunêlia avec, en particulier, la création de spas et de crèches. D’où une substitution de clientèle pour les campings les mieux équipés avec une part des CSP+ grimpant de 40 % à 60 % !