La cascade de glace, ça décoiffe !
Avec Bruno, nous partons les 17, 18 et 19 Janvier 2016 passer un grand week end de cascade de glace. Pour Bruno, il s’agit d’un retour aux sources (il y a 25 ans quand même) et pour moi d’une grande première : je n’ai même jamais chaussé de crampons ni tenu de piolet dans ma main.
Denis Trento notre guide de haute montagne nous accompagne sur les deux jours. Denis fait partie de l’élite du ski alpinisme (je vous invite à regarder son palmarès) et c’est un garçon d’une gentillesse extrême, passionné par la montagne et ayant l’envie de transmettre aux personnes qu’il accompagne !
Premier jour : découverte des techniques de grimpe sur glace et du froid !
Ce sera dans la vallée d’Aoste que Denis nous emmènera et nous nous garons près du village de Cognes, Mecque des grimpeurs de cascade, un endroit incroyable !
La marche d’approche, d’une heure environ, est bien raide. Nous avons chaud (ça sera pour ma part la seule fois du week end) et profitons du paysage magnifique et de la vue sur le Mont Blanc !
Petit couac à l’arrivée sur la cascade de Lillaz : Denis s’aperçoit que j’ai des pieds de naine (petit 36) et que les crampons qu’il m’a emmenés sont trop grands. Il négocie donc avec une autre cordée et une grimpeuse se propose de me passer ses crampons…une fois qu’elle aura fait ses longueurs.
Je m’adosse alors au rocher et attend tandis que Bruno et Denis s’activent à préparer les cordes. L’attente dure de un long moment pendant lequel, sans vraiment m’en rendre compte, je me refroidie inexorablement (il fait -15 degrés C tout de même). J’ai beau me couvrir, je grelotte, je ne sens plus les extrémités et commence à somnoler.
C’est dans ce piètre état que me retrouvent Bruno et Denis (voir les photos). Ils me frictionnent, m’obligent à bouger, rajoutent des couches de vêtements sur moi… Ca va un peu mieux mais je me sens très fatiguée et mes muscles sont tout endoloris.
Je teste néanmoins une première longueur qui ne restera pas dans les anales de la cascade de glace : le piolet a du mal à rentrer dans la glace et je grimpe en poussant des petits cris de douleurs… Je laisse donc ma place à Bruno qui assure et retrouve assez vite ses sensations d’antan.
Nous refaisons tous les deux une nouvelle tentative : un peu mieux pour moi, Bruno pour sa part grimpe comme un pro !
Mes équipiers ont pitié de moi. Ils me montrent un peu de technique de cramponnage (mon cerveau ne répondant plus je me contente de hocher la tête en faisant exactement le contraire de ce qu’ils m’expliquent) et nous repartons au village boire un délicieux chocolat chaud !
Second jour : cascade d’Entrelor
Cette fois-ci c’est habillée comme pour une expédition polaire que je pars faire la cascade : pas moins de six couches en haut et trois couches en bas … ce qui sur le papier parait très exagéré mais ne m’épargnera pas la sensation de froid.
Denis a cette fois prévu les bons crampons, ainsi que des gants supplémentaires et une doudoune pour moi !
Nous allons sur la cascade d’Entrelor accessible par une petite marche d’une trentaine de minutes. Denis nous indique que cela va être facile car le chemin est plat (note : ne jamais croire un champion de ski alpinisme quand il vous dit que c’est plat). En réalité cela grimpe raide et nous nous enfonçons dans un mètre de neige.
Gros dilemme à l’arrivée : manger ou ne pas manger ? Il fait toujours -15 degrés et nous avons un peu faim. Mais après manger, la digestion fait dépenser de l’énergie et refroidit le corps. Nous décidons donc de ne pas risquer de nous refroidir davantage …
Autre surprise : la cascade est en partie recouverte de glace ce qui posera quelques problèmes à Bruno au démarrage (le muscle ca pèse lourd et il reste littéralement « cloué » dans la neige)
Je dois vite me rendre à l’évidence : mon organisme a été mis à rude épreuve la veille, et je retarde sérieusement la cordée. Chaque geste me coûte, j’ai de nouveau l’onglet. Bref, je suis le « maillon faible ». Je décide donc de laisser mes co-équipiers profiter de la grimpe et descend en rappel pour les regarder évoluer.
Ils se débrouillent comme des pros et escaladent assez facilement la cascade, descendant par un super rappel dans les arbres.
Nous rentrons tranquillement ensuite par le fameux sentier « plat » (8 km de marche dans 1 mètre de neige quand même) et finissons la journée autour du fameux chocolat « chaud » agrémenté cette fois ci d’une gaufre (miam) !
Ce qui m’a manqué par rapport à l’escalade
Le soleil
La sensation du rocher nu sur ma main (en escalade le rocher est notre allié, tandis que là je voyais plutôt la glace comme un ennemi à abattre à coup de piolet)
L’impression d’espace et de liberté (là on est quand même serrés car tous les grimpeurs sont confinés sur quelques m²)
Ce que je retiendrais
La cascade c’est vraiment très physique. Il faut planter son piolet dans la glace (pas une mince affaire) et on travaille constamment avec les bras au dessus de la tête ce qui pompe le cardio et congestionne les bras. Le sang se retire également des extrémités et on attrape l’onglet (moi en tout cas je l’avais en permanence).
C’est également technique. Il faut un mouvement fluide et de beaux appuis de pieds si on veut avancer vite et loin : les bras resserrés et les pieds qui font un triangle (bon ça c’est la théorie parce que lorsqu’on est débutant on plante son foutu piolet là ou il veut bien rentrer) mais si vous regardez la vidéo de Denis (ci-dessous) cela parait tellement facile !
Il fait froid … Vraiment froid : prévoir une thermos de thé chaud (l’eau gèle), des gants de rechange et ne jamais rester immobile.
Les chocolats chauds Italiens sont delicieux et ont été une source importante de motivation pour moi !
— Anne-Catherine Péchinot