Mon premier 4 000 m : Grand Paradis, Italie
Ce premier 4 000 m cela faisait plusieurs mois que j’en rêvais. A force de voir les autres gravir les sommets, j’avais envie moi aussi de découvrir la haute montagne, de chausser des crampons et de tester mes limites.
Après bien des changements de programme, nous programmons finalement l’ascension du Gran Paradiso (Grand Paradis) en Italie. C’est un sommet de 4 061 m avec une course assez longue mais techniquement abordable pour une débutante.
L’ascension se fait normalement en 2 jours avec une nuit en refuge. Comme nous sommes joueurs (et que notre formidable guide nous fait confiance), nous décidons de le faire en « one shot » c’est à dire aller et retour dans la journée.
La course est prévue le samedi 24 Septembre 2016. Nous arrivons le Vendredi soir tardivement à Chamonix et épuisés d’une grosse semaine de travail, récupérons in extremis des chaussures d’alpinisme et des crampons.
Réveil très matinal avec un départ à 4h55 en direction de l’italie ! La nuit a été courte et nous avons de petites mines. Nous arrivons au parking de Valsavarenche à l’aube et partons en direction du refuge Victor-Emmanuelle vers 7h30. Nous faisons ce parcours, peu technique, en 1h45 pour un temps annoncé de 2h30. Les choses plus sérieuses commencent avec une ascension par une arête assez aérienne du type via ferrata enneigée. Il nous faudra presque 2 heures pour en sortir.
Nous chaussons alors les crampons et commençons un long cheminement encordés d’abord dans la neige lourde puis sur le glacier : un pas après l’autre, tous au même rythme, nous enchainons les montées…
Etre dans l’instant présent, avoir un rythme régulier (1,2,3 – 1,2,3), penser à respirer, garder la corde tendue. Des pensées simples qui occuperont pleinement et entièrement mon esprit durant de longues heures.
Je ressens assez vite l’effet de l’altitude, avec un mal de tête qui s’installe autour de 3 500 m amplifié par la déshydratation (je pensais recharger en eau au refuge et la fontaine était coupée. J’ai donc du rationner car avec un seul bidon de 75 cl insuffisant pour une course aussi longue). James, notre guide, me donne des conseils de sage sur ma respiration, le fait de pas fixer le sol pour éviter le mal de coeur … Et avec l’hyperventilation, j’arrive à gérer et à progresser malgré tout.
Notre rythme est lent, la neige est lourde et chaque pas est difficile. Le beau temps prévu n’est pas au rendez-vous et nous ne distinguons pas les sommets.
Enfin, la dernière montée arrive. Une grosse crevasse à passer et commence une ascension assez aerienne, éprouvante physiquement. Première fois que j’escalade avec les crampons et j’ai du mal à faire confiance à leur adhérence sur la roche. Je stresse …
Nous arrivons enfin au sommet. Il reste un dernier pas pour arriver jusqu’à la Vierge et pour moi, c’est « le pas de trop ». Il faut aller chercher un rocher en faisant un pas avec 300 ou 400 m de vide en dessous. J’essaye une fois, deux fois … Et mon cerveau « bug » : impossible d’y arriver ! Peu importe, je suis extrêmement fière de moi !
Une course en montagne, c’est aussi la descente (la majorité des accidents ont lieu au retour) et nous repartons donc assez rapidement pour rentrer avant la nuit. Nous sommes toujours encordés, solidaires. Bruno a un « coup de moins bien » durant une petite heure, ses quadris s’étant subitement mis en grève. Peu importe, il faut descendre pour ne pas se laisser pieger par la nuit sur le glacier, un pas apres l’autre, tous ensemble …
Bruno se refait petit à petit une santé et la fin de notre descente se passe à un bon rythme. Je ralentis un peu le groupe sur le pierrier (ma bête noire).
Nous atteindrons finalement le parking au moment où la pénombre arrive.
Ce que j’ai appris sur moi même dans cette ascension
Au delà du plaisir immense d’avoir réalisé ce premier 4 000 m, cette course m’a fait prendre pleinement conscience de l’importance d’être entièrement et complètement dans le moment présent. En haute montagne, il faut se concentrer sur son geste, pas après pas, être à 100% dans son mouvement, dans l’intention, et arrêter de penser à l’avant ou à l’après.
J’ai également pris conscience de respirer à seulement 50% de mes capacités. J’inspire trop souvent par la bouche et non par le nez et suis en apnée des que l’effort est trop intense. Il va falloir explorer cette piste là pour progresser et tout simplement réapprendre à respirer.
Test de la S-Lab X Alp Carbon GTX de chez Salomon
Juste magique pour le pied ! Comme une chaussure de trail mais montante avec une semelle plus rigide et sur laquelle les crampons (à lanières) s’adaptent parfaitement: légères et suffisamment chaudes par temps clément. Rien à dire, 100% adoptées !
Le fameux débat : guide ou pas guide ?
Pour moi la question ne se pose pas…
La plupart des courses peuvent se faire sans guide et le Grand Paradis ne déroge pas à la règle… Pas besoin de guide si tout se passe bien (en revanche en cas de brouillard, de moins bien, de soucis technique… Quel soulagement d’etre avec un professionnel de la montagne).
Et surtout : un bon guide fait bien plus que vous montrer le chemin. Il vous fait également réfléchir et progresser sur votre pratique sportive, et au delà de ça sur qui vous êtes et ce pour quoi vous faites tout cela.